Avant d'accoucher, j'ai tout fait pour préparer mon corps au mieux pour ne subir ni déchirure, ni épisio'.
Mais ces désagréments sont loin d'être les seuls. Zoom sur 3 conséquences désagréables, qui peuvent parasiter le début du post-partum.
Pour cette 3ème et dernière partie, on parle émotions, douleurs physiques, rapport au corps, bébé, milieu hospitalier, et on retourne, enfin au Qi Nei Tsang.
Mon fils est là et je flotte sur un nuage, me laissant porter par un cocktail d'hormones de bonheur et d' attachement.
Mais je ne parviens pas à fermer les yeux sans revivre les pires moments de cette accouchement. Les mots résonnent dans ma tête et les images flottent sous mes paupières. Je pleure. Souvent. Je culpabilise de me laisser polluer par les paroles de l' anesthésiste. Je dors peu. Je n'ai pas de montée de colostrum. Et toutes les sages-femmes qui défilent me disent que c'est normal. Mon bébé n'est pas nourri. Même pas un peu. Je le sens, je le sais. Mais elles me disent que c'est normal. "C'est votre 1er ? C'est normal ! Ne vous inquiétez-pas, dans peu de temps vous aurez votre montée de lait". Les sages-femmes, sont débordées, mais rassurantes.
Une douleur lancinante au coccyx, m'empêche de m'asseoir correctement.
- Ne vous inquiétez-pas ! Dans 3 jours votre douleur sera passée, voici un Doliprane et un anti inflammatoire.
En vérité je ne pourrai pas m'assoir pendant les 3 semaines suivantes car j'ai le coccyx luxé.
Aparté pour vous partager, ce qui est arrivé à 2 mamans de mon entourage :
Contrairement à ce que nous pouvons trouver sur internet son expérience était très douloureuse et visuellement impressionnante. Les médecins prévoyaient un rétablissement entre 3 semaines et 3 mois ! | |
3 jours plus tard je ne parviens toujours pas à parler de mon accouchement sans pleurer et mon fils a perdu 9% de son poids de naissance. On atteint la limite, l'équipe médicale commence à s'inquiéter ! Ce n'est pas faute d'avoir prévenu à maintes reprises. Je dois maintenant nourrir mon fils au DAL, il n'a plus la force de téter et dort sans arrêt.
Mon lait monte, mais pas assez vite. On préconise de mixer mon lait maternel et du lait maternisé... à lui donner toutes les 2 heures nuits et jours. Avec son père nous voilà investi de la mission de faire prendre du poids à l'être le plus cher de notre monde. Nous n'écoutons pas notre fatigue et 2 jours plus tard, son poids remonte enfin.
Nous sommes désormais autorisés à sortir et à commencer notre vie de jeunes parents.
Le retour à la maison est chaleureux et rassurant. Entourée de ma mère et ma sœur, je m'installe dans la maternité et trouve en elles un relais plus que bienvenu. Mon coccyx est luxé, mes crevasses m'indiquent que mon bébé n'a pas encore intégré la succion, mes hormones et mon statut de Maman novice me poussent à la remise en question quotidienne.
Paradoxalement, je ne m'étais jamais sentie aussi forte et soutenue. Consciente que ce que je vivais, des milliards de femmes l'avaient vécu avant moi et le vivait aussi à cet instant. Je me sentais reliée à elle, impressionnée par ma faculté à faire fasse et à donner le meilleur de moi-même, à cet enfant dont j'avais rêvé. Quelle sensation étrange cette impression d'être passé au rouleau compresseur, combinée au bonheur des moments les plus heureux et intenses de sa vie. Mon cœur débordait tellement d'amour que mes larmes en coulait.
Les mois passent et les émotions sont moins tristes lorsque je repense aux événements. J'occulte désormais la partie la moins agréable pour me focaliser sur les plus beaux instants.
Mon fils a 5 mois et je m'émerveille de le voir grandir et s'épanouir chaque jour. Et si le jour c'est un bébé joyeux et souriant, il se réveille désormais plusieurs fois par nuit en hurlant. De quoi rêve-t-il ? Et pourquoi ces hurlements me tordent les boyaux ?
Je tombe sur une vidéo conférence d'Isabelle Filliozat qui me met sur une piste. Lorsque ce genre de réveil nocturne arrive il peut être dû à deux choses: un trouble physiologique générant une douleur. Généralement des bactéries dans l'intestin de nos tous petits, qui s'activent et leur provoquent des douleurs aiguës. Soit un blocage émotionnel dû au fait que le bébé revit un moment douloureux et dont il peine à s'extraire comme l'accouchement par exemple. Et l'info fait tilte ! Je revois des scènes de cet accouchement auquel je ne veux plus penser. Je décide d'agir. Hors de question que cela impacte la vie de mon fils davantage.
C'est là que le Qi Nei Tsang entre en scène.
Me voici donc installée sur ce canapé expliquant à Mickaël le thérapeute de quoi je souhaitais me délester et pourquoi.
Je ne souhaite pas la vengeance. J'aspire à me libérer de la charge émotionnelle négative engrammée lors de la venue au monde de mon fils. Mickaël interroge mon rapport à l'autorité. Tout ce que je savais, c'est qu' au moment où je me suis sentie le plus vulnérable de toute ma vie, il a fallu que je tombe sur cet abjecte individu.
C'est donc l'objet de ce soin qui, après notre échange laisse place au massage.
Je m'installe dans une pièce tamisée. J'observe ce corps qui se remet comme il peut des 9 mois de grossesse. J'ai des douleurs dans les pieds et mon coccyx recommence à être douloureux depuis quelques jours. Mon ventre se refuse toujours à redevenir plat. Il a l'aspect de mes 5-6 mois de grossesse. Et ma poitrine de mère allaitante est déformée et a perdu son galbe originel. L'odeur de l'huile essentielle m'extirpe de cet état des lieux et m'invite à une posture réceptive.
J'ai tellement exigé de mon corps. D'abord pour tomber enceinte, et à présent pour me remettre de l'accouchement. Dans les deux cas j'ai trouvé que les choses n'allaient pas assez vite à mon goût. La voilà l'autorité ! Celle du mental sur la nature. Celle qui trouvait que l'accouchement n'arrivait pas assez vite et cela des les premières nausées.
Je suis prête à vivre l'expérience pleinement.
Le thérapeute me demande de respirer par le ventre et de me mettre en état méditatif.
Il commence par stimuler des points de réflexologie plantaire. C'est ce qu'il me faut pour permettre à mon corps d'accepter d'être manipulé.
Une fois l'énergie réactivée le massage du ventre commence. On ne va pas se mentir, c'est douloureux. Mais à côté de l'accouchement c'est une séance de chatouilles. J'accompagne la douleur grâce à ma respiration, mes tensions se relâchent au gré des pressions du masseur et de mes expirations. Il pratique son art et je continue de respirer. Mon ventre se détend et des émotions montent en surface. C'est de la tristesse. Je l'accueille mais je ne verse pas de larmes. Je respire et laisse passer l'énergie. Je peine à garder le calme de mes pensées. J'ai l'impression d'être une radio hors de contrôle. Mes pensées sont en roue libre et désordonnées. Je reviens à ma respiration.
Les pressions du masseur se font déjà moins douloureuses et mes respirations retrouvent leur fluidité. Je me mets à penser à toutes ces fois ou j'ai été soumise, ou que je me suis soumise à une autorité qui s'est avérée toxique. Je n'ai pas envie de sur analyser cette pensée. Je la laisse s'envoler et tente un retour au vide mental.
Après m'être tournée d'un côté puis de l'autre, il me fait me relever pour la fin du soin. Il harmonise mon énergie par le son de son bol tibétain.
Il quitte la pièce et nous nous retrouvons dans le salon pour un débriefing.
Il me fait part de ses ressentis et canalisations : je suis stupéfaite par la justesse de ses propos. Je garderai la substance de cet échange. Mais je peux vous dire que les jours suivants, une éprouvante fatigue s'est abattue sur moi. Très exactement dès le lendemain de ce soin et pendant les 3 jours qui ont suivi. Mes sens étaient aux aguets et je commençais à ressentir de la peur comme lorsque j'étais enfant. Cette peur irrationnelle qui m'immobilisait. Peur des fantômes, peur des cafards... étrange tout cela !
Encore une fois je me refuse à la sur analyse. J'accueille, et au bout de quelques jours la pression dans mon estomac qui manifeste ces peurs se relâchait, laissant mon état émotionnel revenir peu à peu à la normale.
Le soin a eu lieu il y a bientôt 3 semaines lorsque j'écris ces lignes. J'arrive à présent à relater cet accouchement, alors que cela fait des mois que je ressens le besoin d'écrire à ce sujet sans y parvenir. En parler au monde, fait parti de mon processus de guérison. Grâce à ce soin, je me suis libérée de la charge émotionnelle que l'autorité toxique a exercé sur moi. J'ai perdu 3 kg de grossesse, et mon ventre post partum a depuis quasiment retrouvé sa taille normale.
Je sens que je viens de passer une étape dans ma matrescence. Et je suis reconnaissante d'avoir pu transmuter tout cela en un témoignage, qui j'espère permettra à toute femme qui s'est sentie bafouée, au sein du système hospitalier, de savoir qu'elle n'est pas seule.
Ce n'est pas seulement l'anesthésiste qui a été violant. C'est également l'état du système hospitalier qui appelle nos soignants à travailler comme des ouvriers, avec nos vies. À la chaîne. Sous pression. En sous effectif. Sous payés. Soumis à la pression financière qu'exerce le système politique depuis des décennies.
Aujourd'hui, cette expérience est classée et derrière moi. Mais je compte la mettre au service de femmes qui pour une raison ou une autre, se sont laissé persuadées que la vie ne leur faisait pas de cadeaux. Celles qui ont construit des croyances, qui impactent négativement, inconsciemment ou non, leur vie de femme. Je vous vois et je vous comprends. Vous avez droit à votre part du gâteau ! Dégustez-là !
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