Vous avez surement entendu parler de l'effet miroir. Ce mécanisme grâce auquel des parties de nous, ou plutôt de nos modes de fonctionnement sont stimulées, réagissent , se réveillent au contact de l'autre. Où plutôt quand des parties de nous se reconnaissent en l'autre.
C'est actuellement ce que je vis, en plein post partum, lorsque mes souvenirs me ramènent à la naissance de la fille de ma meilleure amie, et aux années qui ont suivi.
Pour commencer, ma meilleure amie, je l'aime et je l'admire. Elle se meut à travers la vie telle un phoenix et renaît de ses expériences, à chaque fois avec plus de profondeur. Elle représente la femme dans toute sa complexité et sa beauté. Dans sa pudeur et sa libido (énergie de vie). Maternelle et introvertie. Indépendante et point central de la famille qu'elle a crée à 20 ans. Oui, ma meilleure amie est devenue mère pour la première fois, à 20 ans, au moment où nos vies n'étaient que fête, champagne et ivresse. Nous étions si belles et si vibrantes. On fire du lundi au lundi, enchainant les missions d' espionnage et les dissimulations de preuves. A nos debriefing complices et taquins de ces soirées intenses et ô combien exutoires !
Etions-nous consciente d'à quel point l'arrivée d'un enfant allait changer nos vies ? Aujourd'hui j' assume de dire que la naissance de ma filleule, fût aussi le moment où j'ai fait le deuil de MA meilleure amie, telle que je l'avais rencontré. Elle était devenue mère, et sa fille passerait dorénavant avant tout.
Lorsqu'on a un enfant, jeune ou non, notre vie sociale s'en retrouve très vite impactée. Si vous partagiez avec votre entourage des moments alcoolisés sous skunk, il n'en est plus, au moins durant le temps de la grossesse. La première mise à distance d'une longue liste de pratiques hédonistes. Pour avoir fait à 30 ans mes premières soirées sobres car enceinte, j'en ai bien pris conscience.
La vie ne reprend pas son cours "normal" après la naissance d'un enfant. Il ne s'agit pas de reprendre le cours de sa vie, avec bébé en plus. Non ! Aujourd'hui je comprends les yeux levés au ciel, quand on explique à des parents qu'un enfant "ne changera pas nos habitudes et que même que c'est à l'enfant de s'habituer au rythme des parents et non l'inverse...". Ce que j'ai pu être ignorante. Et que j'admire ma meilleure amie d'avoir vécu sa matrescence si jeune.
Je comprends aujourd'hui tout ce par quoi tu as dû passer. La remise en jeu du couple. La rencontre avec la femme que tu devenais. Le deuil de ton corps et de ta vie de jeune femme. Le manque de temps pour soi. La culpabilité de ne pas réussir à prendre ce temps pour soi, au détriment de notre tout(e) petit(e). Ces soirées avortées, parce que ta petite ne dormait pas sans toi. Ta patience, face à l'intensité des émotions traversées par une fillette en plein "terrible two". Tes rapports ambivalents avec ta propre mère... Et tout ce que je n'ai pas vu. Et tout ce que tu ne m'as pas dit.
Combien de fois, suis-je revenue de séjour chez vous, en me disant que je n'aurai jamais les épaules pour de telles épreuves ? Pourtant, ce besoin viscéral de mettre au monde des enfants, me rappelait que j'étais prête à relever le défis.
Aujourd'hui, je nage entre les nuits entre-coupées (le réveil de 3h du mat' est littéralement une torture), les couches de caca, la bave, les dents. Le corps, mobilisé, qui prend 100 ans et met 100 années supplémentaires à se remettre de l' exploit de créer, porter et accoucher de la vie. L'allaitement ...
L'autre jour, j'écoutais une vidéo d'un ancien docteur dont j'ai oublié le nom, qui disait que lorsqu'une femme s'occupe de son nouveau-né, elle est en totale sous mission. Sous la mission, de permettre à un être totalement dépendant et vulnérable, de survivre à sa venue au monde, de le sécuriser suffisamment pour qu'il se sente en capacité d' aller le découvrir. C'est ce que tu expérimentais, pendant que je vivais ma vingtaine de parisienne toujours speed. Nous avons vécu cette décennie si différemment, pourtant notre amitié n'a jamais cessée d'être un refuge, une pause dans nos vies qui ne nous convenait pas tous les jours.
Pour ma part, je t'admire de ne t'être jamais déresponsabilisée. Et je suis fière d'être restée à tes côtés, car tu es une mère que je peux prendre en modèle aujourd'hui.
Alors je te dédie cet article, à toi mon amie. Franchement bien ouej meuf !
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